Hair above lip

Projet en cours

« Les masculinités peuvent être moins viriles, plus fluides, plus efféminés et ça c’est du king aussi. »
— Scrap Boo King
« Je pense qu’il y a quelque chose du côté de l’interdit, en tout cas d’un changement, d’aller vers un rôle qui n’est pas censé nous être attribué en tant que femme. »
— Armand Songe

Un trait de crayon.
Un soupçon d’ombre.
Une ligne au-dessus de la lèvre, et tout un monde bascule.

C’est un monde souterrain, à la marge et pourtant au centre.
Un monde fait de faux-cils, de rouge à lèvres, de poils vrais ou dessinés.
Un monde de corps multiples, de genres décloisonnés, de scènes sans cesse réécrites.

Depuis plus d’un an et demi, je photographie des dragkings à Paris.
Un groupuscule dans la communauté LGBTQIA+.
Mais surtout une force sans détours qui interroge les évidences.

En incarnant des masculinités plurielles, les kings révèlent ce que l’on voudrait parfois figer : nos corps, nos histoires, notre identité. Un espace se crée, entre deux genres, entre deux regards.

Je les regarde, je les suis. Et je me demande :

Qu’est-ce que l’on performe chaque jour, sans même y penser ?
Quelles parties de nous avons-nous appris à cacher ?
Pourquoi ai-je si longtemps cru que “féminin” ou “masculin” étaient des vérités stables ?

Dans cette scène-là, tout se redéfini par vacillement.
Mais ce vacillement est une revendication douce tout en étant ferme : celle de pouvoir être roi à sa manière.

Ce travail qui se veut une archive sensible, à la fois politique et poétique, de la puissance subversive des dragkings, tend à être un espace réflexif de nos propres constructions.